Repérer la manie, la différencier

Témoignage d’une bipolaire

Bon.
Commençons par l’habituel : je ne suis pas professionel•le, juste concerné•e, et tout ce qui va venir c’est mon expérience, ma façon de faire, ce que j’ai compris.

Quand on dit d’une personne qu’elle est bipolaire, ça veut souvent dire qu’elle a des phases dépressives (mais pas nécessairement), et des phases maniaques (nécessairement). Le diagnostic se base sur ça, c’est la condition du diagnostic.

Ok mais du coup, la phase maniaque c’est quoi ? Si on fait une recherche rapide on peut notamment tomber sur ameli, on nous dit que ça se présente sorti de nulle part parce qu’avant il n’y avait pas de soucis chez la personne (hun hun), et on nous dit basiquement qu’on est plus énergique/extroverti/content•e, potentiellement irritable. Puis on nous dit qu’au fur et à mesure on voit plus de gens, on fait plus de choses, potentiel « god complex », difficultés d’attention, qu’on communique plus (+) mais parfois de façon incohérente, qu’on dort moins. Le bonus : possibilité de délires ou d’hallucinations.

Tout à fait honnêtement, si on oublie le critère « ça apparaît chez quelqu’un sans autre soucis psychique » qui me paraît d’expérience pas si courant en pratique, améli a plutôt bien fait son travail sur la liste de symptômes, rajoute à ça qu’il y a un facteur de durée de plusieurs semaines.


Il y a un monde entre aller « mieux que d’habitude » et faire un début d’épisode maniaque, et je pense que c’est important d’apprendre à reconnaître chez soi ce qui appartient à quoi. Personnellement, j’ai une base de normalité dans ma tête qui date de la fin de mon lycée, et c’est aussi en comparaison de ça que je vais voir les premières arrivées de symptômes. Parce que le piège, c’est de comparer aux épisodes dépressifs quand on fait tout le temps des dépressions (c’est mon cas), surtout depuis longtemps. On peut vite se dire que la normalité est haute, en comparaison.


Ma normalité, c’est : avoir beaucoup de projets, qui durent dans le temps, voir des gens une ou deux fois par semaines, pas mal de neutre, parfois des petits relents de dépression, d’autres jours bien meilleurs.

Ma plus grosse manie c’était : devoir réaliser les pensées dès qu’elles se présentaient, peu de sommeil, pas de fatigue pour autant, beaucoup de sorties, pas mal d’alcool ou de dépenses, ne pas réussir à communiquer parce que je parlais vite en commençant 6 phrases à la fois, oublier même de manger à cause des soucis d’attention, une super confiance en moi.
Mais ça c’est avec du recul, après.
Souvent, au début, mes red flags c’est les achats impulsifs : ça m’arrive soi en dépression soi en manie vraiment ; les troubles de l’attention où je fais tout partout en même temps ; les insomnies.

Parce que oui, je dors normalement quand ça va, si je déprime je peux avoir des troubles de l’attention mais je sais quand je déprime, pareil pour les achats impulsifs. J’évite les questions trop vagues « est ce que je suis plus énergique ou contente » et je préfère le concret/symptomatique directement. C’est moins vague et ça fait très bien l’affaire, c’est honnêtement ce que je recommande.


J’espère que ce partage servira à quelques personnes, je n’ai pas apporté grand-chose. Je précise quand même que – non – il ne faut pas tous les symptômes pour parler d’épisode maniaque, seulement quelques uns.