Petit guide sur l'auto-mutilation

- de la part d'un•e concerné•e

Je me suis mutilée, j’ai certaines cicatrices, d’autres disparues. Des fois, encore, je me mutile. A chacun •e ses raisons de faire des crises d’auto-mutilation, la question de cet article ne va pas tellement être “pourquoi” mais “quoi faire”. Comment réagir si un•e proche vous contacte et vous dit qu’il/elle/iel/ael se mutile ou vient de se mutiler, que ça soit quand vous êtes sur place ou quand vous êtes à distance. Petite précision qui ne mange pas de pain : je ne suis pas médecin. C’est mon expérience, et les retours que j’ai eu étaient positifs.

Ça va globalement tourner tout autour du même axe : la bienveillance. Et en vous informant, j’espère réduire le petit sentiment de panique qui s’installe parfois. Celle là, la petite voix qui fait qu’on sait pas trop comment réagir et que des fois du coup… On fait même rien. Allez, j’arrête de tourner autour du pot, rentrons dans le vif du sujet.

Quand on se mutile, s’est mutilé•e, et qu’on a un•e témoin visuel•le ou quelqu’un qu’on a contacté, y’a souvent quelques détails à prendre en compte. En premier : on est rarement très fier•e•s de l’accomplissement. Pour ne pas dire on a honte, on se juge, on veut le cacher, et on ne veut pas le regard jugeant de l’autre, le regard de cette personne qui ne va pas comprendre et poser des questions qui gènent, type “comment tu t’es fait ça”. Finalement, la première chose à faire, c’est bien de montrer de la bienveillance, si la conversation s’engage ou que la crise est en cours. Dire qu’on est là, dire qu’on ne juge pas, rester là ou s’assurer que la personne n’est pas seule (et en bonne compagnie si jamais) si c’est en train de se passer à l’instant T. Même une présence par texto, ça peut aider. Même quand on ne dit rien, si jamais la personne ne veut pas qu’on parle.

Ensuite, il y a plusieurs petits pas qui peuvent être de bons réflexes, qui sont des réflexes de soins, et qui nous apprennent à prendre soin d’un corps qu’on a suffisament rejeté, ou des émotions qu’on y a reporté, en soignant les plaies justement. A chaque plaie ses soins, si c’est une coupure il s’agit de désinfecter, d’arrêter les saignements, de couvrir la plaie, répéter chaque jour. Si c’est une brûlure, de l’eau tiède, de la crème adaptée, et de même répéter régulièrement. Ne pas hésiter avec les baumes cicatrisants.

J’exclu de l’exemple toute personne qui pour des raisons personnelles souhaite conserver ses cicatrices. C’est son choix. Dans ce cas proposer une désinfection de la plaie, la/le/lae guider dans le soin et ou l’appliquer si nécessaire, ce sera quand même bien.

Mais il y a aussi la possibilité, tout simplement, dans le cas d’entaille, de suggérer de prendre soin à avoir une lame qui est propre, pour réduire les risques infectieux. Voire, une lame qui coupe bien (pas le couteau de cuisine qui déchiquète), si jamais pour les soins après ça aide aussi.

La crise se passe pour une raison. A mon très humble avis, la question n’est pas forcément de l’arrêter à tout prix, mais de s’assurer que la personne n’encourt pas de danger supplémentaire, et l’aider là dessus. Si la personne, c’est toi qui lit, je souhaite te dire que tu n’es pas une personne inférieure à cause de ça. Que ça ne va pas durer à l’infini. Prend soin de toi, autant que tu peux, entoure toi de personnes aimantes autant que tu peux, apprends à prendre soin comme tu peux de toi, même si c’est après les faits. S’il s’agit de crises de panique qui déclenchent ça, je ne suis pas la meilleure personne pour conseiller, malheureusement. Je n’ai pas de recette magique pour éviter la crise, mais je sais qu’apprendre à se soigner, c’est beaucoup, même pour dans la tête.

Alors s’il te plait, prend soin de toi, du mieux que tu peux.

Petit récap :

  1. Surtout pas de jugement
  2. Proposer des outils propres
  3. Rester présent•e, proposer de l’écoute si besoin
  4. Proposer/guider/appliquer des soins

Ne SURTOUT pas faire (ce sont de vrais faits) :

  1. Faire du chantage affectif
  2. Culpabilisation
  3. Forcer la personne à envoyer des photos
  4. Menacer la personne d’envoyer un poster de ses plaies “à la prochaine occurence”
  5. Exprimer de la déception

Prenez tous•te•s soin de vous et de celleux que vous aimez, Bises