et encore une...

fin en queue de poisson. une!

couverture de subtil béton par les aggloméré·e·s

en cette nuitée, je vais chroniquer (enfin surtout critiquer) Subtil Béton écrit par le collectif Les Aggloméré·e·s à retrouver chez L’atalante.

pour reprendre vite fait le bouquin, il s’agit d’un roman choral d’anticipation nous projetant dans un futur dystopique dans une france des années 2040 qui a viré full facho, capitaliste, protectionniste (vu que la franco a quitté l’UE) et néocolonialiste, encore pire que maintenant (ben, oui, c’est une dystopie) et dans laquelle des efforts/élans de résistance et de révolution se sont fait salement réprimés. l’histoire se passe après la dispersion, petit nom de la répression étatique qui a eu lieu, et prend pour protagonistes des persos anciennement ouvertement révolutionnaire et qui pansent leurs plaies et cherchent à refaire la révolution à une moindre échelle (du moins, dans un premier temps) mais surtout reprendre le cours de leur vie après un tel trauma, de préf en collectivité/communauté.

bref, le concept de base avait tout pour me plaire, avec l’utilisation de l’écriture inclusive/démasculinisée, des allusions à l’espoir, et des premiers retours d’autres personnes qui faisaient miroiter une utopie dans la dystopie. surtout que le fond de l’histoire est transféministe, anti-capitaliste, anti-raciste et anar et que les protag sont en majorité queer. oui, sauf que… ben, c’est juste dystopique avec une partie quelque peu contre-dystopique, et presque post-apo aussi à l’échelle personnelle, tant y’a pas mal de traumas et d’oppressions, quand bien même adressées.

le bouquin m’a dés le début beaucoup rappelé “bâtir aussi,” un autre livre en écriture collective (par les ateliers de l’antémonde) dont la lecture m’avait très largement déçu, en raison de son manque d’imagination, de son validisme et de la vision de la campagne telle que vue par les citadin.es (voir mon thread sur mon ancien compte ici: https://mamot.fr/@Milouchkna/104304452804918852 ) mais aussi quelque peu les furtifs de damasio, dont les problèmes ont été très bien abordés par la dérivation ( https://xn–drivation-b4a.fr/furtifs/ ) et tabor de phoebe hadjimarkos clarke, une autre anticipation queer qui m’avait là aussi déçue mais plutôt par son manque d’imagination.

alors certes on aborde pas mal de sujets, dont une bonne partie des oppressions, mais on y touche que très superficiellement… pareil pour la solidarité, y’en a mais c’est pas montré tant que ça au final. et bon, les persos sont un peu attachant.es (surtout les deux enfants, en fait) mais je reprocherais cependant le manque de perso(s) (et thématiques) handi.es et l’absence du point de vue d’alex, seule nana (ouvertement) trans de l’histoire, alors qu’on a bien celui du seul mec trans. on a aussi aucune voix pour faire remarquer à quel point les persos en clandestinité dépendent en grande partie de la production capitaliste pour leurs besoins (vu qu’on pille et qu’on récupère mais qu’on ne produit pas particulièrement beaucoup soi-même… bref) enfin, je pense qu’un approfondissement du passé de certain.es protag aurait été grandement la bienvenue, au vu des thèmes abordés par ce biais. (notamment l’addiction) et puis on oublie pas mal les liens historiques entre paysan.nes/pêcheur.ses et grévistes/manifestant.es, qui se supportaient lors de grèves.

niveau narratif, c’est somme toute assez classique, faut pas chercher du neuf ici et ça m’a fait penser quelque peu aux furtifs, d’ailleurs, au niveau de la trame des parties. manque d’imagination donc, comme je le disais plus tôt. on a aussi une fin en queue de poisson avec une conclusion qui a soi disant très conscience d’être bâclée (non, elle ne l’est pas, juste mal pensée et travaillée) trop rapide, genre oui, toute l’action principale du climax se passe sur les trente ou quarante, voire juste les vingt, dernières pages (j’aurais aimé en savoir plus sur l’après, peut être que ça m’aurait porté sur/poussé à l’espoir. parce qu’en l’état, ça pousse plutôt au désespoir et à l’impuissance. énième dystopie, toussah, toussah) et aussi trop ouverte…

et c’est bien mou aussi du côté stylistique. (avec des rimes et jeux de mots foireux.ses à la damasio pour un des persos, dont on aurait par ailleurs pu se passer le point de vue sans trop de mal. et une protag qui fait usage d’un très inutile illes…)

bref, une autre déception de cette année pour ma part. (décidément, je me dis que je devrais revoir mes attentes à la baisse parce que ouais, ça fait bien chier à la longue) malgré toussah, et ses défauts, ça pourrait être intéressant pour plein d’autres personnes, notamment celleux qui débarquent dans les bails militants et anti-oppressions. mais clairement, c’était pas pour moi. et j’en suis désolée car le concept avait tout pour me plaire.

niveau d’emmerdement: bah, on s’emmerde un peu quand même, quoi… 2 à 4 / 10

note générale: 4 à 6, tout au plus / 10