Frieren, voyons!

non, frieren, on peut pas transporter autant de trucs! (quand bien même on est dans un monde où la magie existe et où on pourrait probablement trouver un sort de sac infini ou autre sort spatial)

couverture du tome deux de frieren, présentant deux femmes mages flottant au-dessus d’une cité

pour cette nuitée on parlera des deux premiers tomes de frieren donc, manga dessiné par tsukasa abe et scénarisé par kanehito yamada, édité chez ki-oon et traduit par géraldine oudin.

(notez avant qu’on me tape dessus qu’il n’y a ici aucun spoiler, tout est quasi dans les deux premiers chapitres, quoi)

l’histoire marche un peu à rebours de ce qui se fait habituellement dans la fantasy: on démarre avec la fin de l’aventure classique (“for whom?” as delany would ask) de heroic fantasy (oui, tu sais le schéma où “l’ordre d’avant” est rétabli par le héros et son groupe ?) pour se retrouver avec une elfe un peu neutre aux premiers abords qui donne rendez-vous au reste de son groupe non pas dix ans ou vingt ans mais carrément un demi-siècle plus tard, afin de contempler de nouveau les étoiles! sauf que elle ne se rend pas tout à fait compte que son horloge interne ne bat pas au même rythme que celle des autres (en fait si mais elle n’en a cure, vu son tempérament quasi obsessionnel envers la collecte de sortilèges) et celui qui aurait autrement été notre héros habituel (again, for whom?) en d’autres histoires meurt de vieillesse, tout simplement. et là, à ses funérailles, notre elfe dont la personnalité a quelque peu changé au contact prolongé (pour tout être humain s’entend car comme elle le dit elle-même: 10 ans ne représente même pas un centième de sa vie jusque là) des membres de son groupe, eh ben, frieren se met à pleurer à chaudes larmes. et elle exprime ses regrets de ne pas l’avoir mieux connu aux deux autres membres restants. s’ensuit une autre ellipse et voilà que le fichu curé approche à son tour du seuil et lui laisse une apprentie sur les bras. une autre encore et cette fois, on a droit à une promesse avec le nain qui pour sa part ne mourra de sitôt mais n’est plus très jeune non plus.

on est donc ici face à une histoire non pas post-adventure mais plutôt post-heroïc, même si on retrouve les tropes habituelles. et ça fait un bien fou, surtout dans le premier tome, de ressentir la nostalgie et les changements émotionnels que traversent frieren, avec une jeune apprentie humaine qui débarque dans sa vie et ses errances, au gré des aléas et envies de collecte de sorts de frieren. (parce que oui, frieren est vraiment obsédée par ça)

l’histoire est très bien exécutée, c’est tout en douceur et légèreté que l’on découvre ce monde, et la temporalité propre à chaque perso est très bien rendue, avec toute la mélancolie que ça implique pour frieren, qui n’aura dés lors de cesse d’arpenter (à nouveau) les contrées de son monde, cette fois en quête de compréhension et de sorts futiles comme toujours et on se laissera (em)porter par le rythme particulier de cette narration toute en ellipses.

le dessin n’est pas en reste non plus, avec de magnifiques pages bien composées et somptueux paysages qui souligne la poétique de l’histoire et le torrent d’émotions!

j’ai tellement hâte de lire la suite! so many grabby hands

bref, un gros coup de cœur, pas de niveau d’emmerdement pour cette fois… même pas de note générale. juste une mention spéciale pour les bored bookwyrms comme moi à la recherche d’un truc un peu différent pour passer un bon moment quand on s’emmerde là, vautré.es dans l’ennui… go check it out!