Quels produits sont concernés par cette interdiction depuis le 1er janvier 2019 ?
En fait tous les produits chimiques, majoritairement d’origine synthétique, destinés à lutter contre les espèces végétales jugées indésirables et d’autres organismes vivants jugés nuisibles, produits désignés sous le terme générique de pesticides (herbicides, insecticides, fongicides, nématicides, molluscicides, …) souvent abusivement appelés produits phytosanitaires, phytopharmaceutiques ou de protection des plantes.
Depuis le milieu du XXème siècle, les pesticides sont les seules substances chimiques rendues volontairement toxiques par l’Homme pour être répandues dans l’environnement.
Cette interdiction ne concerne pas les produits dits de biocontrôle, les purins et autres PNPP (préparations naturelles peu préoccupantes) et les produits certifiés « utilisables en Agriculture Biologique ».
Pourquoi sont-ils interdits ? Impact environnemental et sanitaire des pesticides
- Leur toxicité ne se limite pas aux seules espèces que l’on souhaite éliminer, ils contaminent les autres organismes vivants des chaînes alimentaires des écosystèmes (mécanisme de bioaccumulation), contribuant au recul de la biodiversité. Leur dispersion dans l’environnement et les produits de leur dégradation polluent l’air que nous respirons, les sols que nous cultivons, l’eau souterraine que nous buvons et des aliments.
- Les pesticides chimiques représentent ainsi un danger pour notre santé. De multiples méfaits corrélés à leur exposition ou ingestion sont prouvés par des études scientifiques : maladies chroniques telles des cancers, perturbations de la fertilité, effets neurotoxiques, perturbations de l’immunité, altérations du développement du fœtus et de l’enfant (les recherches montrent que les enfants sont plus sensibles aux pesticides).
L’Organisation Mondiale de la Santé a classé un grand nombre de pesticides comme cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens. Le 10 mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), placé auprès de l’OMS, avait publié un rapport concluant que le glyphosate devait désormais être classé cancérogène probable pour l’Homme, avis contesté par l’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP), lobby des acteurs industriels des pesticides en France, par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en novembre 2015 et par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) en février 2016.
Le 30 juin 2021, le groupe multidisciplinaire d’experts qui a mené l’expertise collective INSERM a présenté son analyse de la littérature internationale récente sur les liens entre l’exposition aux pesticides et la santé humaine. Elle aborde une vingtaine de pathologies et des pesticides particuliers dont le glyphosate.
Un point sur la réglementation concernant les particuliers
Les pesticides sont interdits d’utilisation par l’État, les collectivités locales et les établissements publics pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts et voiries depuis le 1er janvier 2017 et interdits à l’ensemble des usagers non professionnels (donc les jardiniers amateurs) depuis le 1er janvier 2019, en application de la loi n° 2014-110 du 6 février 2014 (dite « Loi Labbé »), modifiée en 2015 par la Loi de Transition énergétique pour la croissance verte. Depuis le 01/01/2019, vente, détention et utilisation de tous les pesticides sont interdites aux particuliers.
Les sanctions encourues en cas d’infraction : la loi prévoit que les peines peuvent aller jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 150 000€ d’amende. Qui contrôle cette réglementation ? Les inspecteurs de l’environnement de l’Office Français de la Biodiversité qui peuvent rechercher les infractions en tous lieux, réaliser des perquisitions y compris dans les domiciles et procéder à des auditions.
L’arrêté du 15 janvier 2021 complète ce dispositif à partir du 1er juillet 2022 en interdisant l’usage des mêmes produits dans tous les lieux de vie en dehors des terrains de sports de haut niveau : propriétés privées, copropriétés, parcs et jardins privés, résidences hôtelières, campings, jardins familiaux, parcs d’attraction, zones commerciales, espaces verts et zones de repos sur les lieux de travail, aérodromes, cimetières, établissements d’enseignement et de santé, établissements sociaux et médico-sociaux, équipements sportifs non clos.
Quelles alternatives au jardin ?
Depuis début 2019, pour le désherbage, les moyens à disposition des jardiniers vont des interventions mécaniques avec outils adaptés aux seuls produits qui restent utilisables par les jardiniers, c’est-à-dire :
- les produits dits de « biocontrôle » : ensemble de méthodes basé sur l’utilisation d’agents et produits naturels, techniques fondées sur la connaissance des interactions entre espèces dans un même milieu ;
- les produits qui sont utilisés en agriculture biologique ou qui portent la mention EAJ (Emploi autorisé au jardin) ;
- les produits dits « à faible risque » (purins et PNPP).
Attention aux recettes « maison » à base de gros sel, vinaigre blanc, savon, car chlorure de sodium et acide acétique ne sont pas inoffensifs pour la microfaune et la microflore du sol.
Changer de regard sur la Nature
- Ne faut-il pas voir le vivant autrement qu’à travers le prisme de la lutte perpétuelle contre un monde que l’Homme veut soumettre et dominer ?
- « Plantes spontanées » ou « mauvaises herbes » voire « herbes folles » ?
En écologie, la flore spontanée regroupe les végétaux qui poussent naturellement sans intervention humaine et qui maintiennent ainsi un processus naturel de colonisation, en opposition à la flore cultivée, plantée dont le développement est dépendant de l’Homme.
« Mauvaises herbes » : Il ne s’agit pas d’une catégorie de plantes élaborée à partir de leurs caractéristiques, mais à partir du point de vue humain porté sur elles. Pourquoi juger les « mauvaises herbes » indésirables ?
- Envisager la présence de plantes spontanées ne relève-t-il pas de la préservation de la biodiversité, induisant une reconfiguration des perceptions sociales organisées autour de l’ordre et de la propreté ?
- Pourquoi tracer une frontière rigide entre le sauvage et le domestique, entre la culture et la nature dans son jardin ?
Finalement ne faut-il pas considérer que nous empruntons notre jardin à la Nature et qu’en retour nous devons la respecter au sein de celui-ci !
Pour en savoir plus et s’engager, s’informer sur la Semaine Pour une Alternative aux Pesticides, du 20 au 30 mars 2022
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